E-liquides et cannabinoïdes de synthèse : focus sur l’analyse d’e-liquides de 2016 à 2020 - 20/11/20
Résumé |
Objectifs |
En France, l’usage des e-cigarettes s’est répandu depuis 2010. En 2014, un cannabinoïde de synthèse (CS), le 5F-AKB-48, est identifié pour la première fois dans un e-liquide commercialisé sous le nom de « Buddha Blues » [1 ]. En 2017, ce mode de consommation de CS s’intensifie et un cas d’hospitalisation suite au vapotage de Buddha Blues est rapporté dans la littérature [2 ]. L’objectif de cette étude est de rapporter les résultats des analyses d’e-liquides réalisées au sein du laboratoire de Toxicologie du CHU de Lille depuis 2016.
Méthode |
Les échantillons d’e-liquides sont adressés au laboratoire soit dans le cadre du dispositif SINTES (Système d’identification national des toxiques et substances), soit sur prescription médicale, soit encore sur mission judiciaire. Les analyses se composent d’une recherche large de xénobiotiques incluant les Nouveaux produits de synthèse (NPS), dont 52 CS, par LC-HRMS (i) selon une méthode précédemment publiée [3 ] et d’une recherche spécifique des cannabinoïdes naturels (THC, CBD, CBN) par LC-MS/MS (ii). Brièvement, après une dilution préalable au 1/10 000 des e-liquides dans du méthanol, 50μL de la dilution sont mélangés à 50μL d’une solution d’étalons internes, (i) β-hydroxy-éthylthéophylline et méthylclonazépam et (ii) THC-D5, et 100μL de tampon formiate d’ammonium. La séparation chromatographique est réalisée dans une colonne (i) Acquity™ HSS C18 (Waters) et (ii) une colonne Acquity™ BEH C18 (Waters). Après ionisation en mode positif, la détection est réalisée (i) à l’aide d’un Xevo-G2-QTOF en mode MSE, et (ii) par un Xevo TQS (Waters) en mode MRM.
Résultats |
De par la dilution importante, il n’y a pas d’effet matrice. Depuis 2016, 40 e-liquides ont été analysés : 1 en 2016, 2 en 2018, 27 en 2019 et 10 pour l’année en cours. 35 e-liquides ont été collectés dans le cadre du dispositif SINTES et 5 sur prescription médicale ou sur mission judiciaire.
– dans 3 e-liquides, aucun xénobiotique n’a été détecté,
– dans 13 e-liquides, il a été décelé de la nicotine seule (9), du CBD seul (3) ou associé à du THC (1),
– il a été mis en évidence des CS dans 24 e-liquides : un seul CS était identifié (17) ou une association de plusieurs CS (6) ou une association de CS et CBD (1). Les CS identifiés sont : 4F-MDMB-BINACA (10), 5F-ADB (4), 5F-MDMB-PICA (6), MDMB-4en-PINACA (4), 5F-CUMYL-PINACA (1), 5F-CUMYL PICA-(1), 5F-AKB-48 (1),
– les 5 e-liquides analysés sur prescription médicale ou mission judiciaire contenaient un CS : MDMB-BINACA, 5F-CUMYL-PINACA, 5F-CUMYL PICA, 5F-AKB-48, 5F-ADB. Ces deux derniers ont été dosés respectivement à 6 et 0,85mg/mL.
Conclusion |
Dans cet échantillonnage d’e-liquides analysés sur une période de 4 ans, la prévalence de la présence de CS est élevée (60 %). Par ailleurs, depuis plusieurs mois, les discussions dans les forums en ligne sur les CS ne concernent quasi exclusivement plus que la forme e-liquide [1 ]. Dans le cadre de SINTES, les événements indésirables ne sont pas toujours renseignés, il est ainsi difficile d’établir une corrélation entre les éléments cliniques et ces résultats. Toutefois, lorsque cela est possible, ce sont généralement des malaises, des vertiges, des maux de tête, voire des effets toxiques plus importants tels que des convulsions [4 ], qui sont rapportés comme étant en lien avec le vapotage d’e-liquides contenant des CS. Cette évolution des pratiques alliée à la dangerosité des CS devrait susciter la mise en place de dispositifs de suivi prospectif clinico-biologique (tels que VAPOTOX) des cas d’intoxications liés au vapotage.
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Vol 32 - N° 4S
P. S20 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.